Stéatose hépatique non alcoolique : l’hydroxychloroquine efficace chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (étude)
ATLANTA - Une nouvelle étude montre que l’hydroxychloroquine réduit le risque de stéatose hépatique non alcoolique (SHNA) chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, surtout chez les femmes et les hommes âgés de 50 ans et moins. Cette étude est présentée lors du congrès des rhumatologues américains, ACR Convergence 2023 (référence Abstract #0396), qui se tient cette année en novembre 2023 à San Diego en Californie. En général, une étude présentée pendant un congrès n’est pas encore publiée dans une revue scientifique, la publication a généralement lieu après quelques mois.
Polyarthrite rhumatoïde
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire auto-immune généralisée caractérisée par une inflammation chronique des articulations entraînant des lésions articulaires et une perte de fonction. Elle peut également affecter les tissus et les organes en dehors des articulations, y compris les yeux, le cœur et les poumons.
Hydroxychloroquine
L’hydroxychloroquine est un traitement de fond lors de PR. Dans le jargon médical, on parle de DMARDs conventionnels, une autre molécule appartenant à cette famille est le méthotrexate. Les DMARDs sont des antirhumatismaux qui modifient l’avancée de la maladie. Il a été démontré que les DMARDs comme l’hydroxychloroquine ralentissent, voire stoppent, la progression de la PR.
Bien que la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA, en anglais NAFLD), appelée aussi maladie du foie gras non alcoolique, n’est pas une complication classique de la polyarthrite rhumatoïde, la SHNA est fréquente chez les patients atteints de PR, affectant environ 35% des hommes et 22% des femmes.
Étude
Des recherches antérieures ont suggéré que l’hydroxychloroquine pourrait réduire le risque de développer cette maladie du foie. Le rhumatologue Dr Hsin-Hua Chen et ses collègues de l’hôpital général des vétérans de Taichung, à Taichung City, à Taïwan, ont donc décidé d’explorer l’association entre l’hydroxychloroquine et la SHNA dans un groupe de patients. Les chercheurs se sont appuyés sur des données de réclamations basées sur une base de données (Health Insurance Research Database) à Taïwan entre 2000 et 2020. L’étude a porté sur plus de 21’000 patients, dont l’âge moyen de l’écart-type était de 51,9 ans, et le ratio femmes/hommes était de 3 pour 2.
Résultats
Un modèle mathématique a été utilisé pour analyser les résultats. L’étude montre que 399 patients (1,86 %) ont développé une SHNA après plus de huit ans. L’étude suggère surtout que la prise d’hydroxychloroquine est associée à un risque significativement plus faible de SHNA, en particulier chez les femmes de moins de 50 ans.
Explications
Selon le professeur Chen, cette association pourrait être due à l’effet de l’hydroxychloroquine sur l’adiponectine, une adipokine inversement liée à la résistance à l’insuline, à l’inflammation et à la SHNA.
« Le mécanisme de diminution du risque de SHNA par l’hydroxychloroquine pourrait être sa capacité à augmenter les niveaux d’adiponectine », explique le Dr Chen. Il poursuit : « Les œstrogènes inhiberaient la production d’adiponectine et les œstrogènes sont inversement associés aux niveaux d’adiponectine. Par conséquent, la réduction du risque de SHNA grâce à l’hydroxychloroquine pourrait être plus importante chez les femmes préménopausées. »
Autres facteurs de risque
L’étude a mis en évidence d’autres facteurs de risque communs pour la SHNA, notamment l’obésité, des doses plus élevées de prednisone et de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Cependant, les facteurs de risque typiques, comme le diabète et l’hypercholestérolémie, n’étaient pas présents dans cette cohorte de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.
Limitations
Selon le Dr Chen, la principale limite de l’étude réside dans l’utilisation de données relatives aux demandes de remboursement. « Nous ne pouvons pas éviter les biais de confusion ou de détection potentiels. Seul un essai clinique contrôlé randomisé en double aveugle (ndlr. gold standard en médecine) peut confirmer l’effet de l’hydroxychloroquine sur la prévention ou le traitement de la SHNA. »
Attention au foie
En attendant des résultats plus définitifs, le Dr Chen recommande des tests de la fonction hépatique tous les trois mois pour tous les patients atteints de PR (ex. sous traitement à base d’hydroxychloroquine) et des tests mensuels pour ceux qui prennent des médicaments dont la toxicité potentielle pour le foie est connue, comme le méthotrexate.
Le 7 novembre 2023. Source : communiqué de presse en anglais. Adapté en français par : Xavier Gruffat (pharmacien). Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).