RHNe : scénario d'un seul site stationnaire à l'étude à Neuchâtel


NEUCHATEL - Le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) va réorganiser son offre de soins et placer l'ambulatoire au coeur de son dispositif d'ici à 2030. D'ici à 2040, il envisage notamment plus qu'un site stationnaire. Ce scénario réactive le risque de fracture entre le Haut et le Bas du canton.

"Si on veut maintenir deux sites stationnaires de soins aigus, le risque est qu'il n'y ait plus d'hôpital cantonal à Neuchâtel, surtout par manque de soignants, mais aussi de moyens pour le financer", a déclaré mardi Philippe Eckert, président du conseil d'administration du RHNe lors de la présentation des options stratégiques 2026-2030. En 2025, un déficit de 20 millions de francs est attendu.

Le plan stratégique devrait permettre d'assurer un équilibre financier et de réaliser d'ici à 2030 environ 25 millions de francs d'économies annuelles. Cela sera possible grâce aux effets combinés des réorganisations ambulatoires et stationnaires, du développement de la chirurgie ambulatoire et de la réduction du déficit structurel de certaines prestations.

"Le domaine stationnaire est un gros consommateur de ressources", a expliqué Philippe Eckert. Le nombre de lits devrait baisser à un total de 410 à 420, répartis entre les sites de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds, contre 434 en 2024.

Deux centres ambulatoires seront établis à Neuchâtel (Monruz) et à La Chaux-de-Fonds. Des maisons de santé compléteront le maillage, notamment dans les autres régions comme au Val-de-Ruz (Geneveys-sur-Coffrane) et au Val-de-Travers (Couvet).


La réadaptation gériatrique plus au Locle

Outre les urgences 24h/24h et les soins stationnaires, La Chaux-de-Fonds deviendra le pôle chirurgical ambulatoire et verra cette offre être renforcée. Le site accueillera aussi la gériatrie aiguë et la réadaptation gériatrique, qui quittera Le Locle.

L'hôpital loclois accueillera les patients en attente de placement en EMS ou nécessitant des soins de transition. La réadaptation spécialisée sera centralisée à Landeyeux.

Outre les soins stationnaires et les urgences, le site de Pourtalès à Neuchâtel deviendra le pôle chirurgical stationnaire. Le centre ambulatoire sera à Monruz. Le RHNe prévoit d'y occuper 4000 à 5000 m2 et d'emménager courant 2028.

Outre la réorganisation de son offre de soins, le RHNe prévoit dans son plan stratégique d'attirer et de fidéliser le personnel, d'accélérer la transition numérique et d'optimiser l'organisation. "On veut rendre la gouvernance plus efficace", a ajouté Philippe Eckert. "Il faudrait un directeur général qui puisse trancher au sein du collège de direction".

Le RHNe devra aussi rénover ses structures actuelles et notamment les salles d'opération avant 2040, horizon retenu pour trois scénarios d'organisation spatiale. Outre le maillage ambulatoire, le premier d'entre eux continue avec deux sites stationnaires complémentaires, le 2e prévoit un seul site stationnaire sur un emplacement actuel agrandi et le 3e un seul site stationnaire "de novo", avec l'option d'y intégrer la psychiatrie stationnaire.

Un seul nouvel hôpital

La localisation de ce nouveau site n'est pas définie à ce stade. "La nouvelle construction devrait être modulaire et flexible pour s'adapter aux besoins futurs", a précisé Philippe Eckert.

Le 3e scénario a la préférence du conseil d'administration qui estime qu'il est celui qui offre les meilleures perspectives de maintien d'un hôpital cantonal public neuchâtelois. "Une décision rapide sur le futur dispositif est nécessaire pour planifier la construction des infrastructures", a expliqué le président.

Dans un communiqué, le Parti ouvrier et populaire (POP) neuchâtelois exige le maintien de deux sites de soins aigus capables de répondre aux besoins croissants de la population. "La politique de santé "doit être pensée sur la base de l’accès aux soins pour toutes et tous, sur le plan géographique comme financier", a-t-il indiqué.

Dans une interview à Arcinfo, Frédéric Mairy, conseiller d'Etat en charge de la santé, a expliqué qu'en 2040 et 2045, il faudra rénover Pourtalès. L'hôpital de La Chaux-de-Fonds est au maximum de sa capacité de transformation.

Risque de fracture Haut-Bas

"Si politiquement, on juge nécessaire de concentrer le stationnaire sur l'un de ces deux sites ou sur un nouvel hôpital, cela nécessitera de changer la loi et d'investir des centaines de millions de francs. Entre ces options et celle du statu quo, il est trop tôt pour dire laquelle est à privilégier".

En cas de centralisation, il y a un risque de nouvelle fracture entre le Haut et le Bas. "On pourra l'amoindrir en développant ces prochaines années un réseau de proximité, notamment avec des maisons de santé, disposant des soins ambulatoires", a précisé Frédéric Mairy.

Pour Claude-André Moser, président du GTIH (Groupe de travail interpartis pour les hôpitaux), l'exploitation des structures hospitalières "ne saurait être figée et faire fi de tous les paramètres auxquels elle est soumise". Le GTIH participera avec intérêt aux réflexions et militera pour "une bonne accessibilité à des soins de qualité pour tous les habitants du canton et une collaboration avec les autres structures de soins avec une attention particulière portée à leur adéquation et à l’expertise des soignants".

Le 2 décembre 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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