Médecine - EPFL: efficacité accrue pour certains peptides pris par voie orale


LAUSANNE - Des scientifiques de l’EPFL ont amélioré l'efficacité de certaines molécules absorbables par voie orale comme médicament. Cette avancée pourrait permettre de développer une classe de produits thérapeutiques ciblant des maladies jusqu’ici incurables, comme certains types de cancer.

L'équipe de Christian Heinis à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) s'est penchée sur les peptides cycliques. Il s’agit de molécules polyvalentes connues pour leur grande affinité et leur spécificité dans la liaison avec des cibles pathologiques complexes, indique l'EPFL dans un communiqué diffusé mardi.

"Les peptides cycliques présentent un grand intérêt pour le développement de médicaments, car ces molécules peuvent se lier à des cibles complexes pour lesquelles il a été difficile de développer des médicaments à l’aide de méthodes établies", affirme Christian Heinis.

"Mais les peptides cycliques ne peuvent généralement pas être administrés par voie orale, sous forme de pilule, ce qui limite considérablement leur application", ajoute le chercheur, cité dans le communiqué. Ils sont en effet rapidement digérés ou mal absorbés par le tractus gastro-intestinal.

L’équipe de recherche a ciblé l’enzyme thrombine, qui est une cible pathologique critique en raison de son rôle majeur dans la coagulation du sang. La régulation de la thrombine est essentielle pour prévenir et traiter les maladies thrombotiques comme les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques.

Les scientifiques ont élaboré une vaste bibliothèque de peptides cycliques. "Nous avons mis au point une méthode dans laquelle des milliers de petits peptides cycliques avec des séquences aléatoires sont synthétisés chimiquement à l’échelle nanométrique et examinés dans le cadre d’un processus à haut débit", précise Christian Heinis.


Une bibliothèque

Grâce à cette méthode, le doctorant Manuel Merz a pu produire une bibliothèque complète de 8448 peptides cycliques. Testés sur des rats, les peptides ont présenté une biodisponibilité orale allant jusqu’à 18%. Autrement dit, 18% d’entre eux parviennent à pénétrer dans la circulation sanguine et à avoir un effet thérapeutique.

Sachant que les peptides cycliques administrés par voie orale présentent généralement une biodisponibilité inférieure à 2%, le fait de porter ce pourcentage à 18% constitue une avancée majeure, selon ces travaux publiés dans la revue Nature Chemical Biology.

En permettant la biodisponibilité orale de peptides cycliques, l’équipe a ouvert des perspectives de traitement d’un ensemble de maladies difficiles à soigner avec des médicaments oraux classiques. Grâce à sa polyvalence, la méthode peut être adaptée pour cibler un grand nombre de protéines, conclut l'EPFL.

Le 9 janvier 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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