🎙️Entretien avec une assistante médicale en colère, auteure d’une lettre ouverte dans laquelle elle exprime son ras-le-bol


La personne avec laquelle Medpro s'entretient a souhaité rester anonyme, vous ne connaîtrez donc d’elle que son prénom : Noëmie. Elle est l’auteure d’une lettre ouverte, à lire notamment sur le blog de la Société Vaudoise de Médecine, dans laquelle elle exprime son insatisfaction face au manque de considération accordé à sa profession et la carence dans la formation d'assistantes médicales. Céline Dubas, spécialiste en communication, a réalisé cet entretien.

Abonnez-vous et suivez les podcasts de Medpro.ch - nom de la chaîne : "Medpro.ch (Suisse romande)" sur Apple Podcasts ou Spotify. 

Voici l'interview en texte

Interview avec une assistante médicale en colère, auteure d’une lettre ouverte dans laquelle elle exprime son ras-le-bol

Medpro.ch – Bonjour Noémie. Voici ma lettre ouverte d'une assistante médicale révoltée que je souhaite essayer de partager un maximum. Ces mots, ce sont les mots que vous avez écrits dans l'email que vous nous avez envoyé il y a quelques semaines. Dans cette lettre, vous exprimez votre colère et votre ras-le-bol par rapport à l'évolution de votre profession. Nous allons bien sûr y revenir, ça va être le sujet principal de cet entretien. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, j'aimerais vous demander de vous présenter brièvement.

Mme Noémie – Volontiers. Comme vous l'avez dit, je m'appelle Noémie, j'ai presque 40 ans.
J'habite à la campagne avec ma famille, c'est très important pour nous de vivre dans la nature, pour notre équilibre familial, pour ma santé mentale, avoir le temps de respirer, de déconnecter. Et puis je suis assistante médicale diplômée depuis plus de 15 ans et l'autrice d'une lettre ouverte qui parle de mon ras-le-bol des conditions des assistantes médicales dans notre monde actuel.

Qu’est-ce qui vous a poussé finalement, au début plutôt, à choisir le métier d'assistante médicale. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?
Depuis que je suis toute jeune, j'ai toujours dit que je voulais travailler dans le monde médical. C'est quelque chose qui m'a toujours intéressée, d'être au contact des gens, de pouvoir les aider, les soigner. Et puis, en étant jeune, je n'avais pas les ressources financières pour faire des études supérieures comme sage-femme ou infirmière, donc j'ai assez rapidement cherché un apprentissage pendant deux ans, pendant mes 15 et mes 16 ans, deux années scolaires.

Malgré le fait que je cherche entre Sion et Iverdon, j'ai été convoquée quelques fois, mais on m'a toujours dit que j'étais trop jeune, c'était déjà un apprentissage qui était très prisé, et puis c'est vrai que comme je devais m'éloigner beaucoup de mon domicile, on m'a souvent dit que voilà j'étais trop jeune et qu'il fallait que je trouve une autre solution du coup j'ai une amie qui m'a informé qu'on pouvait faire l'école Minerva à Lausanne en voie privée et je me suis renseignée ce qui m'a beaucoup intéressée je me suis dit enfin je vais pouvoir accéder à ce dont j'ai envie mais qui dit voie privée dit financement. Du coup, c'était compliqué, mais j'ai contracté un prêt bancaire, j'ai eu la chance d'avoir une bourse interne à l'école. Donc, je me suis lancée dans ce projet. À l'époque, je crois que ça a un petit peu changé, mais à l'époque, on était deux ans à l'école, après une année en stage pratique, et puis on retournait à l'école pendant quelques mois avant de passer les examens CFC. Et que ce soit mon stage ou l'école, ça m'a vraiment permis de m'ancrer dans cette profession. Je n'ai jamais douté que j'avais fait le bon choix.

Probablement que le fait que je me batte un peu pour y arriver, ça m'a vraiment encore plus attachée au fait d'être assistante médicale et à ce que ça représente pour moi.

En tout cas, on peut le prendre aussi dans le sens inverse, c'est qu'on voit que vous étiez effectivement motivée vu que vous avez effectué toutes ces démarches pour réussir à apprendre le métier que vous souhaitiez apprendre.
Exactement. C'était très important et j'y suis arrivée !

Bravo ! On va parler maintenant de votre lettre ouverte. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez choisi d'écrire cette lettre, à qui elle s'adresse et ce que vous cherchez à obtenir en fait par le biais de cette lettre ?
Alors je crois que ma barque d'assistante médicale a commencé à se charger assez rapidement quand je suis rentrée dans la vie professionnelle, même si les premières années on se pose moins de questions, on a envie de faire de l'expérience, mais j'ai quand même été assez rapidement confrontée à des déconvenues, c'est pas facile d'évoluer dans ce monde-là, on est souvent en contact avec des médecins masculins, on vit quand même dans une société patriarcale, j'étais une jeune fille et c'est pas toujours facile quand on est jeune et quand on arrive dans le métier.

Voilà, cela fait partie des choses qui ont déjà mis du poids dans ma barque. Ensuite, on a des conditions salariales de manière générale pas forcément très avantageuses donc je pense que ça a continué de charger le bateau et puis la dernière année que j'ai vécu dans le cabinet dans lequel je travaille actuellement, j'ai été confrontée à travailler avec des collègues pas formées, pas compétentes, et puis un soir je suis arrivée à la maison, j'arrivais plus à enlever cette boule d'angoisse que j'avais sur l'estomac, j'avais besoin de dire, de m'exprimer, et c'est vrai que moi j'utilise beaucoup l'écriture, c'est quelque chose que j'aime bien en général dans ma vie. J'avais envie de dire à mes collègues vous n'êtes pas seuls parce que je sais que je ne suis pas la seule à traverser ce genre d'épreuve. J'avais envie de dire aux médecins : arrêtez, regardez ce qui est en train de se passer, vous allez nous perdre. Et puis j'avais envie de dire à beaucoup de médecins et je me suis dit bah ma foi, fais cette lettre et puis envoie-là à la SVM c'est peut-être là que tu vas toucher le plus de monde possible, à l’ARAM pour mes collègues. Et puis après j'ai pensé au groupe Facebook sur des assistantes médicales, je me suis dit là je vais peut-être aussi avoir des retours de collègues en direct par des commentaires, etc. Et puis j'ai pensé aussi à des journaux médicaux qu'on reçoit au cabinet, peut-être, sur un malentendu, je pouvais être publiée ou contactée. Et puis j'ai pensé à Medpro aussi, ce qui nous amène à se parler aujourd'hui. Donc voilà, j'avais juste envie de diffuser le message au plus grand nombre. Et puis c'est comme ça que j'essaye d'y arriver un petit peu.

En tout cas, on sent qu'il y a de l'émotion quand même dans tout ça.
Oui, c'est encore très présent, ça ne fait pas si longtemps, j'ai écrit la lettre le 30 mai, on est le 15 juillet, je suis en train d'enregistrer un podcast avec vous, c'est juste incroyable !

Est-ce que vous avez eu d'autres retours suite à cet envoi ?
Oui, alors vraiment, sans que je puisse m'y attendre, moi je m'étais préparée à recevoir : « Merci madame pour votre lettre », mais non, j'ai vraiment été prise en compte, j'ai été considérée, j'ai reçu des retours hyper rapides et très positifs, ce qui est hyper encourageant. J'ai discuté avec la présidente de l’ARAM qui est en train de monter un projet suite à cette lettre avec son équipe, avec le comité de l’ARAM. La SVM a aussi très rapidement répondu. Ils ont publié ma lettre sur leur blog.

Et puis il y a peut-être des projets pour la rentrée, voilà, on m'a parlé de certaines choses, pour l'instant c'est secret, mais voilà, qui pourraient peut-être être super intéressants en lien avec justement cette lettre. J'ai reçu pas mal de commentaires sur Facebook, de mails de mes collègues, j'ai créé une adresse e-mail pour pouvoir dialoguer avec celles qui le voudraient. Et puis les journaux m'ont tous répondu, ils ont été très encourageants, ils m'ont dit que ça faisait pas partie de leur ligne éditoriale, mais qu'ils m'encourageaient à continuer, qu'ils avaient apprécié ma lettre et la façon dont je l'avais écrite.

Et puis, Medpro de nouveau, voilà, j'ai eu contact avec M. Gruffat et puis ensuite avec vous pour le podcast. Et tout est positif, j'ai pas reçu une seule chose négative, vraiment. Tout le monde a pris en considération et m'a encouragée à continuer dans cette voie.

Cela fait plaisir d'entendre tous ces éléments positifs. Pour les personnes qui ne connaîtraient pas les abréviations. L'ARAM, c'est l'Association Romande des Assistantes Médicales et SVM c'est la Société Vaudoise des Médecins. Dans votre lettre qui est effectivement très bien écrite, avec beaucoup de chapitres différents. Dans l’un de ces chapitres, vous évoquez toutes les évolutions qu'il y a eu ces dernières années, voire décennies, dans le monde médical, et puis l'impact positif ou négatif que ça peut avoir sur votre profession. Pouvez-vous mentionner quels sont ces éléments ?
Oui, bien sûr. Je vais essayer de résumer un petit peu ce que j'avais voulu dire. Je pense que ça fait que 15 ans que je suis assistante médicale. J'ai l'impression que j'ai emmagasiné de l'expérience, mais ça ne fait pas si longtemps que ça à l'échelle de l'humanité quand même. Donc, les points positifs, c'est qu'en 15 ans, on a tellement évolué au niveau technique, les appareils de laboratoire, les sets de soins, les injections, enfin je veux dire, c'est vraiment, on est passé de déjà très bien à vraiment le must du must. Et puis comme je l'ai écrit dans ma lettre avant, pour la radiologie, c'était vraiment une grande histoire, on devait installer notre patient, on devait mesurer la zone à radiographier, on devait faire les réglages manuels, donc on avait appris à régler les kilovolts (kV), les mAs, ça parlera aux assistantes qui m'écouteront, ensuite on devait faire une grande prière pour espérer qu'on avait bien fait la radio, on devait aller dans la chambre noire et de nouveau prier pour que la développeuse fasse bien son travail, on devait ensuite afficher la radio au négatoscope, enfin ça c'est toutes des choses qui sont complètement obsolètes, on devait appeler le médecin, on devait de nouveau espérer très fort que ça lui convienne, donc voilà on avait un temps donné pour ça, maintenant les choses vont beaucoup plus vite.

Je crois qu'au niveau de la sécurité aussi on a beaucoup évolué, la sécurité des appareils mais aussi des retranscriptions, avant on devait tout écrire à la main, les résultats de laboratoire dans le cahier du labo, ensuite dans le dossier du patient, probablement qu'on a réduit considérablement le nombre d'erreurs dans ce genre de cas. Et puis maintenant les programmes médicaux nous permettent d'avoir accès au dossier du patient tout le temps, facilement, on peut faire des plans de traitement, des ordonnances sans avoir le médecin à côté de nous pour déchiffrer les dossiers, c'est devenu quelque chose de beaucoup plus simple et probablement de plus sécuritaire aussi, la facturation, on n'en parle même pas, avant il fallait ressortir tous les dossiers de la semaine, essayer de déchiffrer les hiéroglyphes du docteur et puis facturer en conséquence de ce qu'il avait noté, fallait imprimer les centaines de factures, les mettre sous pli, enfin je veux dire là on a avancé de manière incroyable et très très positive que je pourrais dire de négatif c'est qu'on n'a plus le temps de rien tout va vite, le médecin veut que ça aille vite, le patient est impatient malgré le nom qu'on lui donne il n'y a plus le temps de rien en fait tout doit être fait dans la minute, on a beaucoup moins d'échanges avec les patients, avec nos employeurs, avec nos collègues, tout est connecté à l'ordinateur, aux appareils. Voilà, je pense que de ce côté-là, il y a quand même des choses. On devrait se souvenir qu'avant, on communiquait probablement vraiment mieux au sein du cabinet. Et puis, comme les choses étaient plus lentes et moins évoluées techniquement, chaque chose avait un temps donné. Pour faire une radio, on avait un temps qui était prévu pour la radio, pour la facturation, on avait une demi-journée qui était prévue pour faire cette facturation. Maintenant, on fait tout dans la même journée, tout le temps, et ça ne s'arrête jamais.

Donc il y a beaucoup de positifs, mais il ne faut pas oublier qu'avant, on avait un peu plus de temps et que c'était très important.

D'ailleurs, là, vous parlez d'une demi-journée consacrée à la facturation. Alors, je ne sais pas si c'est ça, mais en lisant votre lettre, vous dites les jeudis après-midi n'ont plus la même saveur. Est-ce que c'était justement ces jeudis après-midi qui étaient consacrés à la facturation ?
Exactement, souvent dans les cabinets médicaux dans lesquels j'ai travaillé, et je crois que c'était une généralité à ce moment-là, les médecins n'étaient pas là le jeudi, souvent plutôt le jeudi après-midi, et du coup comme on devait imprimer des centaines de factures, que ça prenait beaucoup de temps depuis l'ordinateur, l'imprimante, etc., on s'attelait à cette tâche-là à ce moment-là. Il fallait attendre que tout soit imprimé, ensuite il fallait les plier en trois, les mettre dans l'enveloppe dans le bon sens, essayer de ne pas se couper le bout des doigts parce que c'est très embêtant de mettre 250 factures dans des enveloppes. Il fallait ensuite les fermer et les tamponner avec le stempel du cabinet, les amener à la poste. Enfin, je veux dire, c'était vraiment une tâche pas particulièrement intéressante, mais on avait une demi-journée pour faire ça.

Alors, est-ce que c'est justement cette évolution-là de votre métier qui vous met en colère et qui est à l'origine de votre lettre ?
Non, vraiment pas. Ce n’est pas l'évolution qui me met en colère. Je pense qu'il faut savoir tirer profit des avantages qu'elle nous offre, qui sont vraiment beaucoup plus conséquents que les inconvénients. Par contre, les inconvénients, justement, de ce temps qu'on a plus, prend beaucoup le dessus. De plus, communiquer correctement, de plus avoir le temps de se parler, en fait, ça paraît un peu bête comme ça, mais c'est vraiment très important dans notre métier de pouvoir parler aux patients, de pouvoir parler à nos employeurs, de pouvoir parler à nos collègues. C'est vraiment quelque chose de primordial et je pense que dans ce sens-là, c'est quelque chose qui m'embête, mais non, l'évolution est vraiment plus que favorable dans notre travail.

Effectivement, on comprend qu'il y a un manque de temps, qui fait que vous avez moins le temps de parler peut-être avec vos employeurs, aux patients, etc. Mais finalement, ce jour où vous êtes rentré chez vous et que vous avez écrit cette lettre, il y avait une surdose de quoi, finalement ?
Justement, le bateau et ma barque est très très pleine et surchargée, elle est probablement en train de couler, on manque de temps, on manque de communication, on manque de considération, et puis le fait d'être associé à ces personnes pas compétentes, qui en quelques mois ont réussi à renverser l'équilibre du cabinet dans lequel je travaille. Le fait que je sente que l'équipe qu'on a créée avec mes deux employeurs, on sent que tout le monde n'est pas ok avec ce qui se passe, mais qu'on n'a tous pas le choix en fait. Et de se sentir comme ça prise au piège, c'est vraiment désagréable. Et j'avais besoin de dire vraiment et que chacun puisse, enfin que les gens que ça intéresse puissent entendre qu'il y a un problème et que je crois qu'il ne me concerne pas que personnellement.

Dans votre lettre, je vais juste reprendre les mots que vous écrivez, c'est, vous dites l'irrespect, ce qui vous met en colère, c'est l'irrespect total de votre profession. Et dans ce que j'entends, c'est notamment le fait que vos collègues que les dernières collègues qui ont été engagées dans le cabinet ne sont pas formées en tant qu'assistantes médicales comme vous. Parce que dans votre courrier, vous dites aussi que le poste que vous occupez actuellement, vous dites que c'est une place en or. Donc, pouvez-vous juste nous dire les conditions de travail dont vous bénéficiez aujourd'hui et qui vous permettent de dire que c'est une place en or ?
Je dis que c'est une place en or parce que j'ai cherché pendant longtemps la place qui correspondait à mes critères. Au début, voilà, quand j'étais jeune, j'avais envie de travailler dans une grande équipe, de faire beaucoup de choses, et puis au final, je me suis rendu compte que c'était pas fait pour moi. Ça a pris du temps, mais je me suis rendu compte que je ne suis pas particulièrement faite pour travailler dans une grande équipe avec beaucoup de collègues, etc. Et puis là, je suis tombée sur un petit cabinet de médecine générale, de ville, avec deux doctoresses super, et puis je crois que l'essentiel c'est qu'on arrive à communiquer, on a réussi à former une petite équipe avec ma collègue habituelle, on s'entend bien, on se fait confiance, on a la chance d'avoir un travail, oui varié bien sûr, on fait du laboratoire, on fait des soins, on fait des perfusions, on fait beaucoup trop de secrétariat, mais on doit le faire, et puis ça correspond à mes critères, à moi.

Et l'essentiel c'est vraiment de nouveau cette communication, elles ont confiance en moi, j'ai confiance en elles, et puis on peut échanger si on a besoin d'échanger, et j'ai une certaine liberté dans mon travail. Alors j'ai un salaire normal au barème de l’ARAM, j'ai cinq semaines de vacances, donc de ce point de vue-là ça pourrait évidemment être mieux, mais de se sentir à l'aise dans son travail, de se sentir libre et respectée en fait. Pour moi, c'est essentiel.

Génial. Et malgré ces conditions en or, vous dites que vous n'en pouvez plus, que vous ne voulez plus faire ce métier. Pourquoi ?
Ben voilà, ça fait des années, comme j'ai déjà pu un peu le dire avant, qu'on est quand même confronté à une surcharge de travail importante, que la fatigue, en fait on vide notre réservoir d'énergie quand on va au cabinet. On donne tout, et puis c'est très difficile de le remplir, et il est souvent vide, il y a peu de reconnaissance des patients, de moins en moins, suivant où on travaille il y a peu de reconnaissance des employeurs, moi c'est pas mon cas, mais ça a été souvent le cas auparavant. Évidemment, que nos conditions sociales et salariales ne sont pas incroyables, donc c'est pas très motivant à rester dans le métier. On peut aussi très peu imaginer des perspectives d'avenir. Il y a peu d'évolution, on est assistante médicale un peu à la même place pour toute la vie, à part si on part sur un brevet fédéral. Mais pour ce podcast, je me suis un petit peu renseignée. Et puis actuellement, le brevet coûte 9 475 francs. Donc, il faut déjà avoir un employeur qui accepte qu'on fasse le brevet et ensuite, éventuellement, qu'il nous aide financièrement. Il y a des subventions fédérales qui sont possibles sous certaines conditions, mais il faut de toute façon avancer l'argent avant d'obtenir les subventions. Et avec subvention, le brevet coûte 4 737 francs.

Elle reste en somme importante
Voilà, je ne sais pas si c'est accessible à beaucoup de monde, mais en tous les cas, ça ne l'est pas du tout pour moi. Et puis de nouveau, d'avoir été confrontée à des collègues peu ou pas formés, qui aient une espèce d'amalgame de nos compétences, de nos places de travail. Moi, je trouve ça fortement désagréable. J'ai beaucoup de peine à gérer ça. Bien sûr qu'il y a mon histoire personnelle là-dedans, mais je crois quand même que c'est un gros problème.

Alors sur ce point justement, vous mentionnez dans votre lettre que, alors que le cabinet dans lequel vous travaillez cherchait une assistante médicale, les personnes qui ont postulé avaient des profils très variés et vous listez ces différents profils et en fait il n'y avait aucune assistante médicale diplômée qui postulait pour ce poste, si j'ai bien compris. Est-ce que vous pouvez un peu commenter ?
Déjà, il faut que je situe un peu quand même les choses, c'est qu'on cherchait un remplacement à durée déterminée, un petit pourcentage, donc ça attire déjà beaucoup moins de monde quand c'est à durée déterminée, ce qui est tout à fait compréhensible.

Le peu d'assistantes médicales CFC qui auraient été intéressées par le poste, elles reçoivent tellement d'autres offres, c'est tellement rapide que les petites places comme ça, c'est très difficile de trouver du personnel formé. Puis, pour lister un peu les dossiers qu'on a reçus, on a reçu des secrétaires médicales, donc ça c'est super, mais disons qu'il y en a souvent qui ne sont pas formés, qui n'ont pas de formation de secrétaire médical, elles étaient secrétaire de commune, secrétaire dans un garage, secrétaire comptable de leur mari, on a eu beaucoup d'ASSC, d'infirmières en reconversion professionnelle, mais au même titre que moi je ne peux pas être infirmière, elles ne peuvent pas être assistantes médicales, c'est pas du tout le même travail, une hypnothérapeute, une assistante en pharmacie, une vendeuse passionnée par le monde médical. Donc voilà, ça prête un peu à sourire, mais ça prouve quand même qu'il y a vraiment un... un souci, et puis qu'il faut qu'on se batte pour garder nos places.

Donc voilà, on voit qu'il y a une pénurie, on le sait, une pénurie d'assistantes médicales et d'assistants médicaux. Bien sûr, les hommes sont aussi inclus. Oui, bien sûr. Je parle principalement aux féminins, mais voilà il y a une pénurie d'assistantes médicales. Du coup, les cabinets vont avoir tendance à engager des personnes qui ne sont pas formées parce qu'ils ne trouvent pas la perle rare. En parallèle, les assistantes médicales, on l'avait vu par exemple dans l'épisode, dans l'entretien qu'on avait eu avec Madame Fauchère, la présidente de la RAM, on voit qu'il manque des places de formation aussi pour les assistantes, mais des places d'apprentissage. Et puis, on voit dans ce que vous dites qu'il y a effectivement les conditions de travail qui font que même les personnes très motivées et formées finissent par changer de voie professionnelle, par quitter la profession parce qu'elle ne trouve pas, parce que c'est ce que vous mentionnez, trop de travail, pas assez de reconnaissance, un salaire peut-être pas à la hauteur. C'est intéressant ce que vous dites, en fait, c'est vraiment, ça illustre parfaitement tout ça, le fait que tous ces profils différents postulent. Je voulais juste, vous l'avez un petit peu dit, mais dans votre lettre, vous dites, je trouve que c'est très juste. Toutes les professions telles que secrétaire à SSC, infirmière, etc., ont leur place intégrante dans le monde médical. Tout le monde est important, mais chaque profession a des compétences différentes, des atouts à partager, des liens à tisser.
Mais c'est vrai, c'est vrai, surtout c'est vrai. Moi, je pense qu'il y a vraiment une organisation à revoir dans les cabinets médicaux. On n'arrive pas à pallier comme ça en une lettre ouverte à la pénurie des assistantes médicales. Il y a un problème, je le sais. Je suis aussi consciente que mes employeurs, ils ne peuvent pas engager personne et laisser la place libre, que personne ne réponde au téléphone. C'est mieux d'avoir quelqu'un qui essaye de le faire. Mais peut-être qu'il faut revoir alors l'organisation des cabinets médicaux, qu'il y ait une place pour une secrétaire, qu'il y ait une place pour une assistante, que le travail soit fait, mais les compétences sont différentes. Et moi, je ne veux pas lancer une guerre contre les secrétaires, c'est pas du tout ça, elles ont leur place, mais elles ont leur place à elles, et les assistantes ont leur place à elles, et on doit aussi pouvoir protéger ce qu'on fait...

Le 18 juillet 2024. Podcast enregistré début juillet 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Les dernières news

Inscrivez-vous à notre Newsletter