Cancer et alcool : les hausses de taxes sont les plus efficaces
PARIS - Les mesures de santé publique les plus efficaces pour faire baisser la consommation d'alcool et le nombre de cancers liés sont la hausse des taxes, la limitation ou l'interdiction de la vente et de la publicité, selon une vaste étude. En 2020, la consommation d'alcool a été à l'origine de 741'300 nouveaux cas de cancer dans le monde.
Publié mercredi dans le New England Journal of Medicine, ce travail a été réalisé pour le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) par un groupe d'experts internationaux qui a passé en revue toutes les données existantes, relatives aux politiques publiques visant à faire baisser la consommation d'alcool dans une population.
Il en ressort que les mesures les plus efficaces en la matière sont d'augmenter les taxes sur l'alcool, de fixer des prix minimaux, d'interdire la vente ou la consommation d'alcool en dessous d'un âge minimal, de limiter le nombre de points de vente d'alcool, les jours ou les heures de vente, ou d'interdire strictement la vente d'alcool.
Le monopole de l'Etat sur la vente d'alcool et des politiques publiques coordonnées ont aussi montré leur efficacité pour "réduire le fardeau mondial du cancer", observent les chercheurs.
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Sept cancers
Si, de 2007 à 2011, des travaux du CIRC ont montré l'efficacité des politiques fiscales, de relèvement des prix et d'interdiction de fumer dans la réduction de la prévalence du tabagisme, aucune évaluation similaire n'avait jusqu'ici été faite pour les boissons alcoolisées.
Un lien direct entre consommation d'alcool et cancer a été établi pour sept cancers (côlon-rectum, oesophage, foie, cavité buccale, pharynx, larynx, sein). Toutes les boissons alcoolisées sont concernées: bière, vin, spiritueux.
Cela résulte principalement du fait que l'éthanol - principal composant des boissons alcoolisées -, une fois dans l'organisme, est transformé en acétaldéhyde, substance qui provoque des lésions de l'ADN, ce qui peut entraîner des mutations cancérigènes.
Après une première étude montrant que la réduction ou l'arrêt de la consommation d'alcool fait baisser le risque de cancer, celle publiée mercredi prouve que l'intervention publique fait baisser le nombre de cancers induits par l'alcool, soulignent les experts.
Ils pointent cependant quelques limites à leur travail: toutes les données disponibles émanent de politiques publiques dans des pays à revenu élevé (Etats-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni, Suède) et elles sont antérieures à la forte croissance de la publicité et des achats en ligne ces dernières années.
Le 1 mai 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).