Mieux lutter contre les infections post-chirurgicales
BERNE - Une étude menée sous la direction de l'Hôpital de l'Île et de l'Université de Berne montre que l'âge des patients, l'indice de masse corporelle et la durée de l'opération ont une influence importante sur la composition des bactéries lors d'infections post-opératoires. Cet effet est indépendant du type d'intervention.
Les infections du site chirurgical (ISC) font partie des complications les plus fréquentes après une opération. Elles sont généralement dues à des bactéries qui passent de la flore endogène du patient à la plaie pendant l'opération.
Parmi les agents pathogènes les plus fréquents, on trouve des bactéries cutanées comme les staphylocoques et les streptocoques, ainsi que des bactéries intestinales comme Escherichia coli et les entérocoques, a indiqué l'hôpital universitaire bernois dans un communiqué.
Des études antérieures ont montré que certaines bactéries sont plus fréquentes après certaines opérations. Les staphylocoques sont par exemple plus fréquents dans les infections de plaies après des interventions orthopédiques, de chirurgie cardiaque et de chirurgie vasculaire. Les entérocoques, quant à eux, sont plus fréquents après des opérations abdominales.
Outre les facteurs liés à l'opération elle-même, il existe également des caractéristiques liées au patient, telles que l'âge, l'obésité, le tabagisme ou un système immunitaire affaibli, qui augmentent le risque d'ISC.
Caractéristiques des patients
Dans le cadre de cette étude dirigée par l'Hôpital de l'Île, en collaboration avec Swissnoso (Centre national de prévention des infections), les scientifiques ont voulu identifier plus précisément les facteurs dépendant des patients eux-mêmes.
Pour ce faire, ils ont analysé les données de plus de 530'000 patients opérés entre janvier 2009 et décembre 2020. L'étude a révélé que l'âge, l'indice de masse corporelle (IMC) et la durée de l'opération sont les facteurs les plus importants pour la composition microbienne des infections de plaies.
Les patients particulièrement âgés, avec un IMC bas et des opérations de longue durée, présentent un risque plus élevé d'infection par des bactéries intestinales, quelle que soit l'opération réalisée.
Prophylaxie adaptée
Selon les auteurs, ces conclusions soulignent l'importance de prendre en compte les facteurs liés au patient dans l'apparition d'infections après une opération. Cela ouvre la possibilité de développer des stratégies plus précises pour la prévention et le traitement des ISC.
Selon Guido Beldi, responsable de l'étude à l'Hôpital de l'Île, ces résultats ont plusieurs implications: ils soulignent qu'une mesure de prévention telle qu'une antibioprophylaxie devrait être adaptée individuellement au profil de risque du patient afin de maximiser son efficacité.
Les résultats, publiés dans le British Journal of Surgery, sont également importants après l'opération: sur la base des modèles de prédiction, une administration précoce et ciblée d'antibiotiques pourrait être envisagée.
Les ISC représentent plus d’un quart des infections associées aux soins. Selon Swissnoso, entre 1% et 20% des patients souffrent d’une telle complication après une intervention chirurgicale en Suisse. Les universités de Bâle et Lucerne ont également contribué à ces travaux.
Le 25 juillet 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).