Histoire - Un projet de recherche sur les premières femmes médecins en Suisse


LAUSANNE - Un projet de recherche est lancé à Lausanne pour sortir de l'oubli les femmes médecins pionnières en Suisse. Il sera mené sur quatre ans par l'Institut des humanités en médecine CHUV-UNIL, soutenu à hauteur de 870'000 francs par le Fonds national suisse (FNS).

Historienne de la médecine, Aude Fauvel examinera ce pan méconnu de l'histoire dans un projet intitulé: "La médecine féminine. Une histoire des premières femmes médecins et de leur contribution à l'innovation médicale entre la Suisse francophone et la France, 1867-1939".

La recherche, qui a démarré officiellement vendredi, est codirigée par Rémy Amouroux, professeur à l'Université de Lausanne, et menée par une équipe de trois personnes.

"La quasi-totalité des premières femmes médecins au monde avant la Première Guerre mondiale ont été formées prioritairement en Suisse, puis en France", explique Aude Fauve, citée vendredi dans un communiqué du CHUV.

A la fin du XIXe siècle, les femmes ont voulu s'inscrire en médecine, car elles pensaient qu'elles y seraient mieux acceptées. "Mais les femmes se sont trompées, les universités les ont rejetées sauf en Suisse et en France", poursuit-elle.

En 1906, les facultés médicales helvétiques comptent près de 70% de femmes. La Suisse accueille alors plus d'étudiantes en médecine que l'intégralité du reste de l'Europe. La tendance s'inverse toutefois durant l'entre-deux-guerres. Et après la Deuxième Guerre mondiale, les facultés de médecine suisses ont perdu leur avance : les femmes n'y sont ni plus nombreuses, ni mieux traitées qu'ailleurs.


Pionnières en chirurgie et ophtalmologie

La recherche CHUV-UNIL vise notamment à analyser la contribution des femmes médecins à l'innovation en santé. "Les premières femmes médecins ont contribué à renouveler la vision qu'on avait alors du 'sexe faible'. Des manuels de santé écrits par et pour les femmes parlant du corps et de la sexualité sont publiés et connaissent un réel succès à l’époque", remarque Aude Fauvel.

Leur apport dans les domaines notamment de l'ophtalmologie et la chirurgie est également peu connu. Un réseau très actif de femmes ophtalmologues s'est ainsi établi entre la Suisse et la France au début du XXe siècle, poursuit le communiqué.

Une partie du projet sera aussi dédiée à la construction de bases de données, sachant qu'il est difficile de suivre les parcours des premières femmes médecins.

"Les femmes n'ont souvent pas eu la possibilité de déposer des archives. Beaucoup d'entre elles se sont aussi mariées ou ont publié sous des pseudonymes (...) Il était par ailleurs pratiquement impossible pour les femmes médecins, une fois leur diplôme obtenu, de trouver une place dans un hôpital public. Elles se sont tournées vers des réseaux privés, plus confidentiels", relève encore Aude Fauvel.

Le 1 septembre 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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